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Réflexion sur un journal local

dimanche 20 mars 2022

Merci à celles et ceux qui ont participé à la recherche d’images, à la lecture critique du journal dont nous parlons ici, à leurs contributions.
L’absence des source principale de travail fera défaut au lecteur, nous avons tenté d’en apporter un maximum. Cela n’importera finalement que moyennement, tant les exemples pour abonder dans notre sens fleurissent ici où là(1) .
La situation a été anonymisée et doit le rester. Ce texte qui a été écrit pour pouvoir débattre localement peut servir plus largement à la condition expresse de respecter cet anonymat.

I. Propagande antisémite « accidentelle » dans une publication alternative locale, fallait-il à ce point jouer avec le feu ? Introduction.

J’ai été sidéré à la vue d’une affichette antisémite (2) reproduite dans le dossier « Dictature » du journal alternatif local de ma région, en février 2022. Disons le tout de go, dès mon appel au journal on m’a affirmé la totale condamnation de l’image, et invoqué une malheureuse erreur d’inattention sur un glissé-collé pour expliquer la présence de cette immondice. Au moment où j’écris ces lignes les responsables de publication tentent de récupérer les numéros en circulation pour empêcher leur diffusion en l’état et souhaitent réimprimer un numéro de remplacement. Car l’urgence est double : au-delà du caractère infâme de ce type de propagande s’ajoute le risque pénal pour le directeur de publication pendant un an.

Mais que s’est-il passé ? Comment peut-on être amené à pareille « erreur » ? Quel est donc ce dossier « Dictature » où s’est inséré ce visuel néo-nazi ? Bref, comment en arrive-t-on là ?
Voici le récit analytique d’une descente en planète confusionniste. Ceci est un texte partisan, écrit par un pro-vaccin anti « passes », opposé à la vaccination obligatoire.

Questionnement préliminaire : de quels outils et langages avons-nous besoin pour critiquer efficacement le monde, condition sine qua non à l’amorce des luttes ? L’accumulation d’assimilations douteuses ne finit-elle pas par pouvoir créer un univers cohérent ? La véracité et l’honnêteté des propos tenus ou rapportés dans n’importe quelle parution publique n’est-elle pas essentielle à l’élaboration de débats et analyses pertinentes ?

II. Genèse d’une dérive de la pensée critique, travaillée par des mouvements confusionnistes affiliés à l’extrême-droite internationale, États-Unis en tête (3). Première réunion-discussion fin 2021.

Voici deux mois, au cours d’une première réunion publique locale sur le thème du refus du « passe sanitaire », je vis passer de main en main un petit papier signé : « Parents d’élèves en colère, non au pass-sanitaire », le mot pass écrit avec le SS nazi, symbole et acronyme des Schutzstaffel. Indigné par l’amalgame je me fendis alors d’explications auprès d’amis : le groupe Telegram La Rose Blanche (4)(5) à l’origine de ce visuel est spécialisé dans la propagande révisionniste et/ou négationniste de l’holocauste.

L’objectif de cette entreprise étant pour l’extrême-droite raciste d’effacer autant que possible dans l’opinion publique le gênant héritage nazi de l’extermination des juifs, communistes, handicapés, homosexuels, tziganes et autres opposants, pour in fine maximiser les chances de reconquérir le pouvoir par les urnes. Diluer ces faits par le doute ou la relativisation, et banaliser l’emploi de ce qui fait leur spécificité poursuit le but de « liquider » l’histoire, d’achever même le travail de dissimulation des faits entamé par le régime hitlérien à la fin de la guerre.

Les groupes et personnes qui conçoivent ce genre de visuels sont expressément et nostalgiquement antisémites. Les gens filmés en Belgique et ailleurs avec l’étoile jaune portaient des t-shirt clairement complotistes et anti-juif (6). Ce sont des faits traçables, des gens identifiables, des logiques accessibles à la pensée. Vérifier ces faits devrait permettre (presque indépendamment du fait de juger ou non telles ou telles comparaisons judicieuses) de ne pas participer à pareille entreprise.

Parce que les bras m’en étaient tombés à l’époque quand on me rétorqua par exemple que : « en même temps on en a tellement bouffé de la Shoah au collège », et parce que je sentais beaucoup d’incertitudes autour de moi depuis 1 an (tentations RN, plébiscites du documentaire Hold-up, publicité trop rapide pour le site de désinformation Réinfocovid (7) ), j’acceptais la proposition du bar-asso local de participer à une discussion collective sur une thématique qu’on pourrait décrire ainsi : l’offensive de certaines thèses, terminologies et rhétoriques d’extrême-droite dans les milieux dits alternatifs et écologistes (tendances gauchistes au sens moderne et populaire).
La discussion eut lieu, et j’en garde un souvenir mitigé, tant mon inquiétude et les informations que j’apportais m’ont paru compliquées à faire entendre. Un exemple se rapporte justement à la question déjà soulevée alors de « la dictature dans laquelle nous serions tombés ». Pour aller à l’encontre de cette proposition et faire valoir mon point de vue j’ai usé de deux arguments. J’ai rappelé dans un premier temps que notre gouvernement se soumet à des lois, des institutions et une constitution desquelles il ne peut pas s’affranchir, 49-3 ou pas. Et dans la foulée, évoqué le fait que l’exercice du pouvoir, de l’autorité et la répression sous les régimes dictatoriaux passés et présents n’a rien à voir avec ce que nous subissons. Dans un deuxième temps j’ai essayé de dire combien il m’apparaît contre-productif de faire passer notre État pour une dictature, qui plus est nazifiante. Nous avons évidemment besoin de faire la critique de la situation qui nous est faite : le suffrage universel est une supercherie notoire qui n’a de cesse de reproduire par la « légitimité » du vote une caste de privilégiés, les élus de tous bords sont corrompus jusqu’à l’os en cascade décroissante selon les échelons hiérarchiques du pouvoir et de ses relais, le gouvernement ne représente pas la volonté du peuple mais sert ses propres intérêts et ceux de tous les capitalistes (ce qui revient au même), l’État dispose du monopole de l’exercice de la violence (assassinats, coups, intimidations, mutilations, harcèlement, viols) et en use largement au quotidien ou dans les manifestations pour réprimer tous ceux et celles qui viendrait contester le « bon » ordre des choses, etc.

III. Flash-back vers le numéro 29. Image 1

Les conséquences que la société entend faire peser sur celles et ceux qui sont réfractaires à la vaccination sont scandaleuses. Tenter de restreindre par le texte l’accès aux divertissements, à l’éducation, aux pratiques sportives, faisant ainsi un pressing forcené vers la vaccination là où le port d’un masque FFP2 et la ventilation des espaces suffiraient à garantir une assez bonne protection contre la propagation de la pandémie, participe de créer encore plus d’injustice sociale qu’il n’en existe déjà.
Mais pour faire passer le message qu’il est insupportable de laisser s’installer (se creuser) dans notre société un véritable deux poids-deux mesures, bafouant les principes d’égalité, il serait judicieux de suggérer qu’on va nous exécuter d’une balle dans la tête ou nous gazer par paquets de 1000 pour enfin faire disparaître les corps dans des fours crématoires ? Que les outils numériques de notre époque sont assimilables à une politique génocidaire ? Mais qui essaye-t-on donc de rallier à sa cause avec un tel discours ? Et surtout qui essaye donc de nous rallier à sa cause ?
Et si le slogan de mai 68 « CRS SS » que l’on m’a invoqué pour justifier ce genre de comparaison participait à l’époque de la même confusion stupide, on accordera au mouvement l’excuse que 7 personnes y sont mortes assassinées (8) par la police, police qui aux ordres d’un pouvoir politique tue régulièrement.
Je me permets de rajouter ici que crier à l’émergence sous Covid-19 d’un État fasciste ou dictatorial relève a minima d’une certaine naïveté ou aveuglement, d’une méconnaissance de l’histoire et de l’ensemble des mesures coercitives qui s’enrichissent sans cesse de l’actualité pour définir (affermir) notre mode de gouvernement, et à tout le moins d’une stratégie (déjà évoquée, nous y reviendrons tout au long de ce texte).
Que l’on me pardonne aussi de trouver un peu facile, voire égoïste, vaine et périlleuse, cette posture régulièrement adoptée au sein du milieu un peu « fourre-tout » qu’on appelle alternatif, posture qui consiste à revendiquer la nécessité de s’extraire de ce monde et de ces vicissitudes. Notre propos est ici aussi de montrer par l’exemple qu’on ne s’extirpe pas du monde dans une pure positivité qui n’aurait aucune conséquence.

V. En couverture. Image 2.

Alors, cette semaine, devant le numéro d’hiver qui présente un dossier sur la « dictature », il faut constater l’ampleur de la confusion à l’œuvre : le dessin de couverture représentant un soignant inoculant une dose de vaccin sous bannière nazie reprend un classique des propagandistes révisionnistes, en comparant tout et n’importe quoi au nazisme (sur l’assimilation des soignants à des images honteuses : voir plus bas) pour le disqualifier. Le sous-titre, ironique me dit-on, de « journal complotiste » se voit dés-ironisé immédiatement par le texte entourant l’illustration : « les ultras-libéraux de la planète entière instaurent pass sanitaires et vaccinaux pour maintenir leurs maîtres les financiers au pouvoir ». Pensée stupide, réellement complotiste, dangereuse et qui permet les dérapages les plus abjects.
Cela fait maintenant plus d’un siècle (9) que se diffuse et s’approfondit la croyance dans le contrôle occulte par les juifs de la finance internationale. La lecture économique du monde par la puissance de la finance et la figure de l’oligarque sont (étaient ?) des figures vaporeuses et l’apanage d’une extrême-droite ultra-capitaliste qui se refuse évidemment à employer les mots de capitalisme, d’exploitation salariale ou de patronat, car il faut bien des boucs émissaires à sa sauce quand on reluque du côté du vote ouvrier sans vouloir froisser ses amis.
Voilà donc comment l’affiche antisémite en cahier central devient annoncée  : par une rhétorique induite et mal maîtrisée doublée d’une propension aux sports de glisse. La tonalité générale n’est pas en reste en première page pour contredire le caractère officiellement ironique du sous-titre. Puisqu’on y lit que les pass sont là surtout pour « taper sur celles et ceux qui ne pensent pas comme vous » « c’est peut-être même un calcul électoral » « le pass sanitaire n’était qu’un essai(...) ». Voilà ce qu’est une pensée paranoïaque et tendanciellement complotiste. C’est une pensée assaillie qui n’arrive plus à appréhender de manière sensée la terrible réalité que nous subissons pour agir, et qui se réfugie dans le dessein caché, les plans secrets, les conspirations, antisémites où pas.
Je tiens à ajouter avant de continuer que ce dessin de couverture est très loin de soulever l’indignation dans les discussions formelles ou informelles que j’ai pu avoir avec mon entourage.

IV. Édito : « Science ou obscurantisme ». Pour clore l’introduction.

Ici nous entrons de plain-pied dans la question importante des chiffres et de leur interprétation. Cet hiver la DRESS publiait (10) le chiffre national de 52 % de personnes non vaccinées en soins critiques Covid, information reprise effectivement par Castex et l’ensemble des rédactions nationales.
Le point commun à toutes les analyses qui décident de faire dire aux chiffres l’inverse de ce qu’ils montrent pour atteindre le point de vue escompté est de ne retenir que la valeur absolue (ici 52%).
C’est ce que choisit l’édito, arguant qu’une simple soustraction permet de montrer que 48 % de vaccinés sont dans le même état, et que par voie de conséquence le vaccin n’est pas si « top, top » que ça, faisant la démonstration qu’il n’y a pas de « raisons scientifiques objectives » pour se laisser convaincre par la vaccination. Or l’information entière « les 9 % non vaccinés représentent 52 % des entrées en soins critiques Covid » est une démonstration flagrante de l’efficacité du vaccin (dont personne n’a jamais dit qu’il était « top, top »). Cette malhonnêteté intellectuelle m’apparaît comme contre-productive et inutile à la défense de la liberté de choix comme principe élevé devant la vaccination. Il me semble aussi que c’est un comble d’alerter sur un « obscurantisme moyenâgeux » en tronquant aussi grossièrement une statistique qui va à l’encontre de son propre propos. Enfin l’on pourrait peut-être relativiser la gravité de l’affaire si des centaines de morts par jour en France ne cessaient pas d’incarner les statistiques, qu’ils aient accepté leur sort en toute conscience où qu’ils étaient été mal informés (voir aussi La Montagne sur le rapport DRESS pondu à l’automne dernier (11), oui « 78 % des décès à l’hôpital de patients atteints du Covid-19 concernent des personnes non vaccinées, alors que 11 % concernent des personnes complètement vaccinées »). Ce genre de malversation a des conséquences, comme celles qui suivront.

VI. Le dossier : article sur les implants corporels. Une blague.

Pour entrer dans le dur du dossier « Dictature », je n’irai pas avec le dos de la cuillère comme promis à Thierry qui m’a proposé cette tribune. Et j’appellerai un chat : un chat. Le dossier intitulé « Implants » est une insulte à l’exercice d’enquête journalistique, fût-il exercé en amateur, une infamie intellectuelle, truffé qu’il est de malhonnêteté, d’informations erronées et non vérifiées.
Rappelons d’abord combien la thématique (rejet du concept d’humain augmenté, ou H+) fait partie de celles parfaitement à même de séduire à la fois le courant « anti-tech » (12), la mouvance Qanon (13)(14) et le milieu alternatif et/ou écologiste moderne, tant le concept de « naturel » traverse de manière cohérente ces mondes. La transversalité des centres d’intérêts communs à des groupes a priori opposés étant évidemment une raison majeure de se soucier du traitement et de la lecture des informations. Feu Pierre Rabhi, chantre de nombreux écologistes de gauche et vrai capitaliste, qui a toujours prôné un modèle social réactionnaire, misogyne et homophobe, peut encore grâce à la magie de l’internet en témoigner (15). Plus loin de nous, Savitri Devi, pionnière de l’écologie profonde, portait si fort en son âme le sentiment eugéniste qu’elle épousât sans trop de difficultés la doctrine nazie . Mais nous reviendrons en fin d’analyse sur ces questions précises.

L’article « Implant » donc se décompose en deux chapitres dont le premier n’a strictement rien à voir avec le sujet ! On nous parle d’une technologie émergente des années 2000, possiblement critiquable par ailleurs et classée comme étant spéculative, la « Smartdust » (17). Après des heures de vaines recherches, je mets quiconque au défi de prouver la véracité des informations fournies par l’article (commercialisation des applications telles qu’elles sont décrites, parutions scientifiques sérieuses récentes…). La seule chose que j’ai pu trouver est une kyrielle de sites délirants aux titres volontairement catastrophistes, science-fictionnels ou alarmistes. Et rien depuis 15 ans si ce n’est de régulières récupérations de sources… comme ici. Piocher dans l’internet un article délirant de 2015 qui pompe le même fumeux de 2003 ne fabrique pas une actualité de 2022.
Surtout cette technologie n’a pas ! vocation à être insérée dans le corps humain, mais le chapitre est conclu par : « On peut imaginer ce qui se passerait si on en injectait dans le corps d’un individu… le tout connecté à la 5G ! ». A ce niveau là, si l’objectif n’est pas de déformer, apporter de la confusion, ou faire peur...

Le second chapitre lui s’implante bien. Signé Pierre Lafitte, il traite d’abord très rapidement (grâce à Wikipédia qui n’est pas référencé) des implants neuronaux de chez Neuralink (Elon Musk). Mais la suite est un copié-collé, plagiat d’un article de Marginal Ray dans Opinion-Internationale.com (18), d’un article fictionnel, qui veut et annonce jouer avec la peur de l’apocalypse, pour rire, ou pour le plaisir de faire frissonner avec de la dystopie. Et là je ne sais pas quoi dire.
Si s’attribuer le travail de quelqu’un en mettant son propre nom en dessous relève de la manipulation, pire encore est le fait de plagier une fiction pour la travestir en réalité. De deux choses l’une, comme pour de très nombreux morceaux du journal : soit c’est conscient et c’est très grave, soit c’est le fruit d’une inconséquence crasse et les « erreurs » et malversations commencent à faire bloc.
Cette parution je pense n’a pas pour ambition de devenir un torchon, un déversoir à fausses nouvelles, ses lecteurs ont le droit d’avoir des informations vraies et vérifiables, d’être respectés et pas menés en bateau. Si cet article était là pour aider à montrer à quel point nous sommes entrés en dictature il aura au moins contribué à pouvoir affirmer que « la vérité est ailleurs » (19).
Quand l’auteur de l’article parle de « but non-avoué », de « contrôle du cerveau et de la pensée à distance » il opte délibérément pour une grille de lecture qui dépasse la simple prospective. Il endosse les costumes de Cassandre et de Mme Irma réunis. Sa peur, sans doute légitime, lui fait raconter n’importe quoi, tronquer ses sources et induire le lecteur en erreur. Seule une paranoïa néfaste qui passe d’un auteur angoissé à des lecteurs peu vigilants résume la lecture de cet article. Etait-ce le but ?

La double page centrale.

La page de gauche est constituée de passages extraits du Rapport d’information n° 673 d’une délégation sénatoriale du 3 juin 2021 (20) et de commentaires à ces extraits. Je ne vais pas défendre ici le travail des sénateurs. J’ai même une tendance à faire des rêves où des gens de leur acabit finissent la tête au bout d’une pique. Mais. Beaucoup des commentaires relatifs aux extraits sont des interprétations malhonnêtes, et pas mal de citations sorties de leur contexte ne semblent avoir été découpées que pour en arriver à la production exclusive de commentaires alarmistes. Lira l’ensemble de ce pavé indigeste de sénateurs qui veut. Je l’ai fait. Et comparera qui veut/peut cette merde prospective d’État (qui décrit partout sur la planète les différentes manières qu’ont utilisé les gouvernements pour à la fois endiguer la pandémie et nous rajouter des dispositifs coercitifs sur le dos) à la mauvaise foi (même involontaire) de l’article.

En page de droite, celle qui contient l’image de propagande antisémite, c’est un bel abruti qui est ciblé, et tant mieux. L’article, paru sur internet, part de l’interview de M. Audureau faite par Sonia Devillers sur France Inter (l’instant M) sur le complotisme. Et effectivement M. Audureau, parler comme vous le faites « des complotistes » comme de gens « atteints » par un « parasite mental » c’est soi-même faire une bien basse œuvre. Assimiler une manière de lire la société à une pathologie est ignoble (21).
Ce qui me gratte immédiatement par contre, c’est davantage le site d’où est tiré l’article : ardeur.net. Un site de 7 conférenciers et conférencières gesticulants (22) qui ne laissent que très rarement la parole à des gens extérieurs. Et qui le 9 août dernier l’a donné à Laurent Mucchielli, chercheur au CNRS dans la tourmente depuis que sa rigueur scientifique a explosée en plein vol (23), et depuis qu’il noue de fortes amitiés vaccino-sceptiques et collaboratives avec Réinfocovid (24), qui est sans doute la pire plateforme dés-informative de ces derniers mois (25). Franck Lepage (qui avait déjà fort affaire avec les accusations étayées d’accointances avec les milieux d’extrême-droite et négationnistes qui lui ont été portées fin 2020 (26) par un de ses proches), membre du collectif Ardeur, ce serait sans doute passé d’une passerelle supplémentaire vers la sphère réactionnaire.

Quand même, l’article signé Thierry Rouquet (re)pose des problèmes relevant des questions de manipulations, d’intégrité intellectuelle, de sérieux. Voici ici retranscrite la réflexion d’une camarade envoyée par mail :

« Quand je parlais hier des erreurs de raisonnement (ça va de pair avec la « manipulation » des chiffres que tu décris), en voici certaines dans l’article de T. Rouquet. Ce que dit William Audureau est certainement critiquable mais dans cet article on passe complètement à côté d’une analyse pertinente.
• Il y a quelque chose qui ressemble fort à un syllogisme ; ça s’appelle un « sophisme » quand c’est de mauvaise foi. Je tente de le reformuler : « Le complotisme s’appuie sur une vision manichéenne du monde ; le marxisme également ; donc le marxisme est un complotisme ». Ceci pour parvenir à une conclusion sous-entendue tout aussi sophiste, que je tente de formuler ainsi : « le marxisme est un système de pensée fiable ; le complotisme partage des caractéristiques avec le marxisme ; donc le complotisme est fiable ». Dangereux !
• Il y a également des comparaisons mal venues (qu’on peut également appeler sophismes), comme la consommation de cannabis et le complotisme. Je ne crois pas qu’on puisse comparer une emprise physiologique/chimique liée aux psychotropes et un mécanisme relevant de la psychosociale. C’est une manière fallacieuse de contrecarrer un argument. A la rigueur, on pourrait comparer complotisme et djihadisme ou sectarisme, comme doctrines mettant en œuvre des phénomènes d’emprise psychologique, si toutefois cela revêt un intérêt dans l’analyse.
• Il y a aussi dans ce même article pas mal d’exagération… Par exemple, en fait de « portrait-robot du complotiste », on a des choses très génériques. C’est le principe de la sociologie : distinguer des redondances, des traits communs, des mécanismes, dans la diversité de la société !
• …et des extrapolations : T. Rouquet fait dire au journaliste que « les complotistes ne sont que dans l’irrationnel », ce qui est différent que de dire « les complotistes sont dans l’irrationnel sur tel point » - ce que le journaliste ne dit même pas. (Et même sur le fond, je peux en citer des personnes « révoltées » ou « engagées » qui n’emploient que le « ils » pour désigner leur ennemi et qui finalement ne savent pas de qui elles parlent : le gouvernement ? Les parlementaires ? Les entreprises du CAC40 ? Le MEDEF ? Etc. C’est pourtant le point de départ.) De même, une critique de la science, et notamment la reconnaissance de sa part de subjectivité, est nécessaire ; de là à réfuter en bloc toute conclusion scientifique, c’est trop.
La responsabilité du directeur de publication me semble conséquente. Je crois que c’est lui qui anime les ateliers de « désintoxication du langage » au local. Il est nécessaire de s’interroger sur le sens des mots pour lutter contre la novlangue qui s’installe (par exemple « partenaires sociaux » qui vient cacher « syndicats » pour minimiser leur action / « pouvoir d’achat » qu’on devrait remplacer par « droit de vivre dignement », etc), mais il faut aussi désintoxiquer nos manières de raisonner, en mettant en avant les syllogismes, les biais cognitifs, les phénomènes de manipulation ou d’auto-manipulation, et (surtout) les relations invisibles de pouvoir ! Cela peut nous arriver à tous·tes, mais en journalisme on doit y être particulièrement vigilant. »

Nous arrivons donc par voie chronologique à l’affiche, reproduite ici avec les trois présupposés nécessaires à sa possible diffusion ou publication : le faire exprès, dire l’appel à la haine en fonction de la religion qui le caractérise, et le dénoncer intelligiblement. Image 3.

Image ci-dessus : affichette complotiste associant honteusement la maladie SARS-CoV-2 ou Covid-19 à une dictature juive mondiale. Ceci est une merde. Voici de l’incitation à la haine.

Encore une fois c’est par erreur, de l’aveu même du responsable du journal, que cette reproduction a été publiée. Mais cette « erreur » a une origine que depuis le début cette tribune je m’efforce de pointer. A vouloir publier un dossier étayé sur des articles mensongers, en manipulant des chiffres, à trop défendre la grille de lecture complotiste et jouer avec ce concept sans aucun garde-fou politique, à illustrer son canard de symbole nazis, à farfouiller dans l’internet sans prendre de précautions (par ignorance sans doute des implicites contenus dans nombre de publications nauséabondes), à ne pas écouter de trop près ce que disent les amis de mes amis, bref à fouiller dans les égouts sans se dire une minute qu’on pourrait y ramasser des déchets, il est arrivé ce qui pouvait arriver de pire.

J’aurai bien d’autres critiques à faire sur les deux autres articles du dossier, mais elles sortent du contexte précis de ce papier. La méthode générale pourtant ne dépareille pas, approximations et déformations participent à la confusion générale. Si, quand même, le dessin ci-dessous est abject :

Image 4

Dans le fil directeur de la couverture, il nous montre une infirmière au rictus sournois prête à piquer, ces mots à la bouche : « viens mon tout petit », à coté d’une armoire de produits remplis des marques connues du vaccin. Si l’on a voulu nous signifier que les industries pharmaciennes font du profit sur une maladie c’est raté. Le rictus sournois gâche tout et dit tout du propos réel.
Qu’il y ait de la maltraitance en milieu hospitalier ou en EHPAD qui le nie ? Et d’ampleur encore ! Pourquoi la représenter comme provenant d’actes individuels provoqués par une cruauté sciemment exercée ? Personne n’est dupe de l’insuffisance des moyens et des personnels, de la saloperie de gestion managériale -se superposant à l’exploitation salariale- qui broie les employés de ces secteurs jusqu’à les pousser au suicide, à des gestes de violence répréhensibles, aux burn-out… Bien sûr, il est difficile en général de s’atteler par un simple dessin à un portrait un peu juste, parlant voire même édifiant, d’une situation, cela devient carrément un exploit quand on utilise la caricature, et il est utile d’être épaulé dans ces situations de textes et analyses à la hauteur de ce que l’on vise. Mais là, force est de constater que rien ne nous aura été épargné dans ce tableau vulgaire, mensonger et approximatif de notre société.

VII. L’article sur les compteurs Linky n’échappe pas à la désinformation.

Il n’est pas dans le dossier à proprement parler, mais il aurait pu y être. Après tout ce boîtier vert qu’Enedis tente d’installer partout y compris par la force au début, ce nouveau compteur « intelligent » n’a-t-il pas pour fonction principale de collecter nos données personnelles de consommation pour les exploiter à des fins commerciales ? Avec ce genre de saloperies oui, Enedis peut suspendre notre consommation au moindre impayé (27), et la technologie se met au service d’une partie de notre vie privée bradée aux entrepreneurs (comme c’est souvent le cas). Et en plus Enedis nous la fait payer cette technologie. Et par-dessus le marché ils sous-traitent à des mal payés mal formés l’installation du compteur, occasionnant par là des court-circuit et autres incendies.
Seulement il est décidément hors de question de nous offrir un article à caractère informatif et critique un tant soit peu valable. Nous avons ici sous les yeux de la publicité. Purement et simplement, publicité nous est faite pour l’achat de matériel « protecteur » de la vie privée et de la « santé » (28). Disons pour faire court que Stéphane Lhomme (29) himself, salarié du réseau Sortir du nucléaire de 2002 à 2010, puis fondateur de l’Observatoire du nucléaire, militant intègre et opposant parmi les premiers aux compteurs Linky, a depuis longtemps critiqué les industriels (qu’on nous vente ici) comme étant de vulgaires profiteurs, cherchant à vendre leur matériel aux plus crédules et épouvantés d’entre nous.
L’auteur du papier reprend tout l’argumentaire manipulateur de nos intéressés ange-gardiens. Linky donne « le cancer ». Linky est un « micro-ondes à ciel ouvert ». Les informations scientifiques divulguées relèvent de la méconnaissance totale de ce que sont les CPL et les champs électromagnétiques induits par les courants électriques. Il a été prouvé (30) de manière indépendante et rigoureuse que les valeurs de ces champs sont très basses, largement inférieures aux seuils admis par la réglementation, et toujours incomparables avec nos écrans d’ordinateurs, nos blocs d’alimentations, les tubes fluorescents… Oui Linky augmente les valeurs des champs électromagnétiques dans nos maisons mais de manière infime ! Donc on nous fait la publicité honteuse de ces commerçants catastrophistes et confusionnistes mais aussi de la nécessité de faire appel à des installateurs compétents. Des recherches sur internet permettent de comprendre que ces installateurs sont liés au fabriquant lui-même. La coupe est pleine, n’en jetez plus. La désinformation est à son comble, ici au service d’industriels qui n’ont rien à envier à Enedis.
Dernières questions avant conclusion. Comment faire confiance au reste du journal ? Depuis quand cela dure-t’il ? Faut-il comme je l’ai fait passer tout son temps libre pendant 7 jours pour avoir un avis éclairé sur ce qui se dit dans ce journal ?

VIII. Le champs des mots et des idées. Pour éviter les pièges.

C’est un exercice ardu que d’être capable au présent d’analyser le monde pour en retirer des analyses critiques qui lui « portent le fer » de la manière la plus juste. L’on part de soi, de sa position sociale, de ses sensibilités, de son « point de vue », de sa culture héritée et/ou construite, puis nous sommes confrontés aux autres qui font de même, puis se présente ce vieux monde coercitif, vieux de son expérience et de ses forces, monde qui nous mène là où nous sommes obligés de constater qu’il nous mène : vers toujours plus de souffrances et de violences, à un point qui menace presque tout ce qui vit sur cette planète, notre espèce incluse.
Et sur le chemin entre un nous vindicatif et ceux qui asservissent et dirigent, se dressent l’aliénation au travail, les obligations souvent familiales, la survie et ses impératifs, le courage et la lâcheté, la lassitude, la peur et le temps, la puissante capacité de l’État à se défendre et perdurer, bref, la société, notre société.
Le mouvement critique et révolutionnaire à toujours été traversé par des rapports de force, des luttes plus ou moins fraternelles, plus ou moins théoriques pour l’hégémonie de telle approche critique, pour la promotion de telle grille de lecture, telle école de pensée. Il s’est parfois égaré, il a échoué régulièrement, ses représentants sont morts en nombre au combat ou dans la répression, il a endossé différents oripeaux durant sa longue histoire ; mais surtout il s’est toujours vu dérober son champ de pensée et ses aspirations par des plus malins, des plus forts, des plus prompts à récupérer des idéaux de justice pour mieux rasseoir le pouvoir entre des mains intéressées. Mais ce qui le caractérise depuis toujours, ce qui doit perdurer, ce qui doit permettre de le différencier d’autres contestations insincères et autres remises en cause opportunistes du système, ce qui doit lui permettre de naître encore et encore des cendres du passé, ce qui l’anime essentiellement se lit hors des pièges : dans un désir violent de fraternité universelle, un souci aigu que la justesse des paroles et des actes doit répondre à l’impératif d’une solidarité envers les plus faibles qui soit d’abord politique et qui ne sépare pas. C’est cela je pense qui pourra anéantir ce monde d’exploitation et de mort, c’est cela qui doit nous animer, nous rendre vivants, transpirer de nos analyses.

Ce que l’on qualifie d’extrême-droite peut se résumer à une force ennemie fortifiée à chaque crise, en ce qu’elle se présente alors toujours comme une solution là où elle porte en son sein la promotion des origines de nos maux : la peur des « autres » comme moteur de la haine, génitrice de la frontière et du concept d’« étranger ». La propension à l’ordre et à la norme comme moteur de l’autorité, génitrice de l’État ancien et moderne. Le désir historique de différenciation comme moteur de la hiérarchisation des rapports sociaux, géniteur entre autres du patriarcat. La volonté de puissance et de richesse comme moteur de l’exploitation, génitrice de l’asservissement capitaliste. Toutes ces choses qui ne sont pas fatalité, qui sont sujettes à défaite dans l’expression d’un rapport de forces.
Cette force ennemie est parfois frontale dans ces approches, mais pas que, loin de là. Sa puissance principale réside dans le fait qu’elle incarne, qu’elle réalise déjà notre société profondément injuste et réactionnaire. Elle fonde par conséquent notre société. Elle est sa perpétuation toujours possible en l’état.
Que la société vienne à vaciller ? Que des voix ou des poings se lèvent pour la transformer radicalement, proposant un idéal opposé de fraternité, menaçant son hégémonie ? Alors la voilà cette force qui, l’histoire l’a toujours montré, se présente pour la sauvegarde du système. S’affichant parfois brutalement, s’infiltrant aussi. Personne n’a le monopole de la stratégie.

Voilà pourquoi j’intervenais déjà il y a quelques mois, et j’estime avoir eu raison. Nous sommes traversés, percutés de tentatives d’offres politiques, d’assauts sémantiques par des idées et des gens plus ou moins malveillants, plus ou moins conscients, plus ou moins critiques.
Ce dossier et le journal sont un exemple flagrant parmi bien d’autres que les offensives de l’extrême-droite sur nos milieux et le débat ambiant rencontrent une opposition d’une faiblesse incroyable, qui frise l’inconséquence.
J’ai entendu justifier le dessin de couverture et d’autres références au nazisme par cette phrase : « Oui mais ça a commencé comme ça (l’holocauste) ! ». Non. Ça n’a pas commencé comme ça. Ça a commencé comme tous les massacres, par la lente (parfois séculaire) insinuation puis affirmation que la source des malheurs c’est cet « autre », un autre « inférieur et nuisible » qui va endosser pour un temps et jusqu’à son extermination une responsabilité qui incombe à d’autres. Réussir ce tour de force intellectuel nécessite de cultiver massivement la confusion, la manipulation, ainsi que les appels répétés à la haine.
Ce journal local est un chouette journal animé de belles intentions, et il se fait le relais de luttes et d’histoires fort salutaires. Qu’ils en soient remerciés. Et point de racisme (délibéré) à la table. Je pense que nous souhaitons tous, à l’instar de son fondateur, qu’il le reste.

IX. Réflexion complémentaire autour du covid 19, puisque cet élément essentiel de l’accélération actuelle dans la mise en place des mesures liberticides qui nous assaillent reste surtout le nom d’une pandémie mortelle, pandémie qui est aussi devenu l’œil du cyclone complotiste qui nous frappe.

Chaque mois en France depuis bientôt deux ans, ce sont des centaines de morts, des dizaines de milliers de contaminés plus ou moins malades. A l’échelle du monde cela représente près de 5,3 millions de personnes qui ont perdu la vie (31). D’après des études récentes 10 % des personnes ayant contracté la Covid-19 ont encore des symptômes plus de 6 mois après (32), ce qu’on appelle covid long ou syndrome post-Covid-19. Si la plupart des décès concerne des patients âgés ou souffrant de comorbidités, la maladie frappe pour autant aussi (de plus en plus) des sujets jeunes et en bonne santé.

Sur l’eugénisme.

Je souhaite parler ici en lien avec nos problématiques du scandale que représente la posture (ne niant pas l’existence de la maladie) qui relativise le danger du Covid-19 au regard de plusieurs facteurs : le « faible » taux de mortalité, le caractère amoindri de la condition physique (par le diabète, l’obésité…), l’état déjà détérioré du système immunitaire, et jusqu’à l’âge avancé des patients décédés ou susceptibles de succomber à la maladie. Faire la proposition d’abandonner une partie fragile de la population au prétexte que celle-ci finalement mourra bientôt quoi qu’il arrive, ou que si elle est trop faible pour survivre tant pis pour elle, le tout sous prétexte qu’il faudrait « laisser faire » la « nature » s’appelle de l’eugénisme. S’il n’en a pas le monopole dans l’Histoire, le régime Nazi en son temps, par des méthodes différentes en vue de curer la « race » de ses éléments « impurs » (eugénisme négatif) ou d’améliorer celle-ci (eugénisme positif), fut le fer de lance d’une telle politique.
Les décideurs, exploiteurs et patrons du monde entier, qui depuis des mois maintenant cessent d’écouter les prérogatives sanitaires des médecins et biologistes pour remettre tout le monde au charbon. Ils mentent sur la virulence et la propagation des variant (33), se refusent à investir dans les moyens nécessaires à une prise en charge sanitaire et médicale de la pandémie, ils protègent leurs amis industriels de la levée des brevets qui permettrait l’accès à la vaccination au plus grand nombre (pauvres), ils accentuent de fait les inégalités de classe devant la pandémie, et enfin participent de manière active à l’émergence de nouveaux variant par la multiplication des contaminations. Ce faisant, ces dirigeants se rendent coupable d’un eugénisme social, donc capitaliste, qui encourage à sacrifier les éléments les moins productifs de sa société au bénéfice de leur richesse. L’extraction de la plus-value ne doit pas cesser.
170 ans après le raciste Galton (34), qui en puisant ce qui l’arrangeait bien chez Darwin, acheva de donner une caution scientifique à son néologisme puant, on trouve beaucoup de gens pour adopter cette posture, réactualisée sans cesse depuis lors et aujourd’hui dans la crise Covid : « laissons faire la Nature, à bas la science corruptrice de l’état profond de Nature. Laissons crever nos aïeux, à la fosse les diabétiques, respectons les lois de la sélection naturelle... »
Épargnez-nous l’appel de la « Nature » : le covid-19 n’a rien de « naturel ». Issu conjointement de la déforestation intensive et des mono-agricultures industrielles, de l’effondrement des populations vivantes dû à l’utilisation massive de produits toxiques (donc à l’annihilation en cours de la biodiversité), provoqué par la mise en contact soutenue et répétée d’humains avec des agents pathogènes qu’ils n’auraient jamais dû croiser, amplifié qu’il est dans sa propagation par la mondialisation performante des échanges commerciaux, le Covid-19 n’a rien de naturel. Il est le fruit de l’interaction de l’homme dans son environnement. Il est donc politique.
Se ranger derrière le fatalisme du « naturel » et défendre par là un principe eugéniste c’est faire une proposition politique (à l’unisson des capitalistes) opposée à la notion de société dans ce qu’elle devrait porter d’utopie : empreinte de solidarité, de fraternité, d’entraide. Une société qui veut faire société. Déifier notre environnement c’est penser le monde de façon mystique et réactionnaire.
Le variant Omicron et son petit frère BA.2 sont de plus en plus virulents, échappent de plus en plus à l’immunité vaccinale et naturelle (35) (qui n’existera pas), et surtout accentuent grandement les formes pédiatriques. On les range où les enfants ? Chez les improductifs ou les futurs productifs ? Chez les faibles qu’il faut donc laisser sur le bas-côté ?
« Bas les masques ! » conclut B. dans son dernier article, enfonçant le clou d’une vision de notre société où nos ennemis avanceraient masqués, tout en incitant à ne pas se protéger du Covid-19 par le seul moyen efficace (avec la ventilation des espaces clos) à notre disposition qui exclut la vaccination.
C’est une assertion complotiste. Et c’est criminel.

X. Pour conclure, pour amarrer la problématique à bon port, et finir d’élargir la question des « erreurs » et errements dans un contexte général catastrophique.

Nos démocraties capitalistes modernes, violentes, ultra-autoritaires et liberticides (quelle nouveauté !), sont donc à présent régulièrement comparées à une dictature par un courant réactionnaire qui se dit rupture avec l’État dans le processus avancé de la crise économique mondiale. Ce courant s’attache en plus à leur coller l’étiquette nazie, symbole de l’horreur moderne. Cette volonté de confusion, qui sert les intérêts de la frange raciste et autoritaire depuis l’intérieur même du panel parlementaire, éligible donc, doit se lire comme une stratégie. La stratégie de ceux qui voient enfin l’opportunité de remporter 50,1 % des votes, et qui doivent pour cela impérativement faire bien plus que la moitié du chemin vers le consensus. Cette stratégie fonctionne.
L’opposition au fascisme en tant que telle perd tout son poids si le fascisme est « déjà là ».
L’opposition au racisme en tant que telle perd tout son poids si le nazisme est « déjà là » (et la classe politique toute entière, prise dans l’engrenage de la surenchère, détient sa part de responsabilités dans le processus de repli identitaire à l’œuvre).
L’opposition à ces capitalistes en tant que telle perd tout son sens si une majorité succombe aux sirènes populistes et aux discours racoleurs. Accepter la finance mondialisée comme instance plénipotentiaire, manipulatrice, quasi occulte (« juive »), annihile la perspective et la réussite d’une critique globale du système économique et social, de notre soumission au salariat, de l’exploitation capitaliste.
Nous passons avec ces schémas de pensée de l’aliénation à un système concret de domination et d’exploitation à l’aliénation de surface à un système sans fin de pensée paranoïaque.
La critique radicale, qui veut s’attaquer à la racine des problèmes, la position révolutionnaire, donc la remise en cause du système, devient impossible et impuissante quand est acceptée la proposition de laisser travestir le réel.

Alors face aux États qui assoient leur toute puissance sur nos trognes, qui nous écrasent entre le marteau de l’exploitation salariale et l’enclume d’une idéologie qui veut « quoi qu’il en coûte » nous obliger à penser que son monde est indépassable, offert comme le meilleur des compromis et dernier chapitre de la grande Histoire, face à l’idéologie réactionnaire qui fait l’État en même temps qu’elle s’offre en roue de secours, ne soyons pas au minimum dupes de la situation. Ceux qu’on incite à perdre tout sens critique doivent se réfugier dans tout ce qu’il y a de salvateur pour nous et les générations à venir et qui est contenu dans un projet d’émancipation collective fraternelle et solidaire, au lieu de se laisser flatter l’individualisme et le libre arbitre à outrance ! Il le faut aussi car les guerres continuelles depuis des décennies qui se hissent ces temps derniers à un niveau mondialisé vont rendre encore plus assourdi le cri de colère qui devra être la prémisse à un soulèvement révolutionnaire. Déjà fleurissent les appels à « faire peuple », « faire solidarité avec (…) », et bientôt les :« je suis Zelenski » sur nos bannières digitales, bref les violons de la Nation envoient crescendo des milliers de modestes citoyens et prolétaires creuser des tranchées (des tombes) dans les banlieues ukrainiennes. « Au casse-pipe les gueux, et soyez fiers de mourir ».
Cela me fait penser d’ailleurs que Vladimir Poutine (nouvelle coqueluche des anti-vax adonnés au complotisme réac) justifie la récupération de l’Ukraine par la nécessité qui lui incombe de la « dénazifier ». Sauveur, quand tu nous tiens...

Oui nous sommes en dessous de tout. Ce n’est donc que le début, et nous ne partons pas de rien. Mais la situation n’est pas bonne (sic). Un réchauffement climatique, une pandémie et une proto-guerre mondiale sont en train de régler les contradictions inhérentes au fonctionnement du capitalisme. Tout indique que les salaires vont à terme augmenter sans que cela soit bon signe, que le problème des retraites est en voie de régulation « naturelle », que l’« aide » aux pays pauvres va se diluer dans la montée des océans…

Comme je le disais plus haut, essayons au minimum de ne pas être dupes de la situation.
Ni patrie ni mari ni patrons ni nations !
Ni dieux ni maîtres !
A bas la guerre !
Amour et courage.

1- Ardèche, Aveyron, Bretagne...
2- L’affiche représente une seringue barrée, avec les phrases en espagnol : « Non à la vaccination obligatoire (…), Covid 1984 dictature juive mondiale (...) » et un sigle nazi-skin. Reproduite en fin.
3- https://www.franceculture.fr/emissions/mecaniques-du-complotisme/qanon-dun-delire-internet-a-la-mise-en-danger-de-la-democratie-americaine-14-les-origines
4- La rose blanche, affilié à la mouvance conspirationniste et suprémaciste blanche états-unienne, pousse la confusion en se revendiquant d’étudiants résistants allemands fusillés par la Wehrmacht.
5- https://t.me/s/laroseblancheFR
6- https://www.vrt.be/vrtnws/fr/2021/11/25/comparer-les-mesures-sanitaires-a-l-holocauste-un-phenomene-d/
7- https://lundi.am/Louis-Fouche-medecin-fasciste-malgre-lui
8- https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/03/16/y-a-t-il-eu-des-violences-policieres-en-mai-68_5272217_3232.html
9- La France juive, Essai d’histoire contemporaine. Édouard Drumont, 1886
10- https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/article/les-travaux-de-la-drees-lies-la-crise-sanitaire-du-covid-19
11- https://www.lamontagne.fr/paris-75000/actualites/covid-19-quelle-est-vraiment-la-part-des-non-vaccines-parmi-les-patients-decedes_14052485/
12- https://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=SOC_131_0097
13- Théorie et mouvance conspirationniste d’extrême-droite d’origine états-unienne
14- https://www.franceculture.fr/emissions/mecaniques-du-complotisme/qanon-dun-delire-internet-a-la-mise-en-danger-de-la-democratie-americaine-14-les-origines
15- https://www.lignes-de-cretes.org/pierre-rabhi-quelques-rappels/
16- https://fr.wikipedia.org/wiki/Savitri_Devi
17- https://fr.wikipedia.org/wiki/Poussi%C3%A8re_intelligente
18- https://www.opinion-internationale.com/2020/08/23/homme-augmente-intel-et-google-annoncent-la-disponibilite-du-premier-implant-neuronal-beyond-human-notre-serie-apocalypse-now_78438.HTML
19- X-files, agent Mulder.
20- https://www.senat.fr/rap/r20-673/r20-673.html
21- M. Audureau à L’instant M, France Inter
22- http://www.ardeur.net/
23- https://bigpragma.wordpress.com/2021/07/31/laurent-mucchielli-et-la-vaccination-contre-le-covid/
24- https://mars-infos.org/des-nouvelles-des-conspis-faut-il-5806
25- https://www.rtbf.be/article/les-affirmations-du-site-reinfo-covid-a-propos-du-vaccin-pfizer-biontech-sont-elles-exactes-10679981
26- https://www.lignes-de-cretes.org/lettre-a-franck-lepage/
27- https://www.bfmtv.com/economie/consommation/linky-un-compteur-un-peu-trop-reactif-a-couper-le-courant-pour-les-consommateurs-precaires_AN-201809270049.html
28- https://www.poal.fr/appfree/filtre-cpl-protection-anti-linky.html
29- https://www.liberation.fr/checknews/2018/04/19/est-ce-que-le-militant-anti-linky-stephane-lhomme-a-raison-quand-il-dit-que-la-plateforme-operationn_1653566/
30- http://www.next-up.org/pdf/CSTB_Linky_Rapport_CEM.pdf
31- https://covid19.who.int/
32- https://fr.wikipedia.org/wiki/Covid_long
33- https://www.caminteresse.fr/sante/covid-les-scientifiques-alertent-sur-la-virulence-du-nouveau-variant-ba-2-185215/
34- https://www.la-croix.com/Ethique/Sciences-Ethique/Sciences/Les-racines-du-mouvement-eugeniste-_NG_-2009-11-23-569142
35- https://rmc.bfmtv.com/emission/l-immunite-naturelle-c-est-un-mythe-le-professeur-gilles-pialoux-appelle-a-l-extreme-vigilance-face-au-variant-omicron-2052947.html

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