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Que fait l’Etat avec les forêts publiques ?
vendredi 12 novembre 2021
Les forêts publiques en bourbonnais, comme partout ailleurs en France sont menacées. L’appel du profit, avec les leurres de la croissance mortifère, font que les pouvoirs "publics" poursuivent leurs entreprises de destruction en remplaçant les forêts publiques par des champs sylvicoles.
La naissance de l’ONF
L’ONF (Office National des Forêts) fut créé en 1966, point de départ de son orientation industriel et commercial. Sa gestion sera assurée par un EPIC (Etablissement Public Industriel et Commercial).
Comme nous pouvons le voir avec sa date de création, les politiques gouvernementales qui vont suivre, apporterons chacune leurs lots "d’innovations commerciales et industrielles cela va de soit". La dissociation opérée, lors de la création de l’ONF, entre gestion des eaux et des forêts allait entraîner une vision forte différente de la vie de nos forêts. Depuis, la prise de conscience, en 1824 avec l’ouverture de l’école forestière de Nancy, de former des agents des eaux et forêts et en 1827 du premier code forestier prenant en compte la gestion des forêts dans leur ensemble. Cette vision faisait dire aux dirigeants de l’époque que : "concilier les besoins de tous avec les droits de chacun", ainsi que : "de ne soumettre l’indépendance de la propriété privée qu’à des restrictions commandés par l’intérêt général évident", ils précisaient aussi que : "la conservation des forêts est l’un des premiers intérêts des sociétés", du fait qu’elles : "protègent et alimentent les sources et les rivières" et "exercent sur l’atmosphère une heureuse et salutaire influence". Tout est dit ou presque, car nous pouvons ajouter que ses sols répondent aux mêmes impératifs et participent à cet ensemble vivant qu’est la forêt.
De la COP21 vers le COP
Pendant les négociations de la COP21, entre capitalisme pollueur et capitalisme pollueur, mais verdissant, où le gouvernement se félicite et se congratule à grand renfort d’éditorial médiatique, sur le succès du non évènement que sont ces négociations des points de vue, du climat et de l’environnement. Le gouvernement négocie par anticipation le COP (Contrat d’Objectifs et de Performance). Contrat que l’Etat passe avec la direction de l’ONF, sur la "valorisation" des forêts publiques, entendu ici par "industrialisation et commercialisation" du bois de nos forêts publiques. Qui, nous le rappelons, font parties des biens communs. Alors pourquoi, le gouvernement n’attend t-il pas la fin du contrat précédent, pour négocier avec la direction de l’ONF, le nouveau contrat. C’est ce que nous apprend l’intersyndical des employés de l’ONF, après avoir, durant 24 jours dans l’indifférence générale, occupés l’école forestière de Nancy, suite à l’annonce faite par la direction de l’ONF de sa fermeture, seul lieu de formation des forestiers en France. Qui, depuis 1824, forme les agents à la gestion multifonctionnelle des forêts publiques. Les employés et l’intersyndical dénoncent les suppressions de postes, la perte de 40 % des effectifs depuis 1986, dont 22 % depuis 2002. Les employés de l’ONF s’opposent au désengagement de l’Etat dans ses dotations à l’office, qui a pour incidence son endettement artificiel, correspondant à la rétribution de la gestion non commerciale de la forêt, c’est-à-dire, le coté social, la biodiversité, la gestion de l’eau par le maintien en bonne état des fossés entre autre, etc. Ils s’opposent aussi à l’abandon de la bonne gestion au profit de la commercialisation des biens communs, à la vente des forêts domaniales, départementales et même communales à des investisseurs privés, à la sous-traitance toujours plus importante des travaux forestiers (bûcheronnage et entretien) à des entreprises privées, à la mécanisation lourde des coupes et des transports de bois, au non remplacement des départs à la retraite des employés.
Et les forêts publiques bourbonnaises dans tout cela !
Ben ! Elles subissent les mêmes déboires que ses sœurs nationales, mais avec quelques différences tout de même. En effet, alors que la couverture forestière nationale correspond à 28 % du territoire, soit 16.5 millions d’hectares, dont 4.7 millions font partis du domaine public. La surface forestière de l’Allier n’est que de 16.7 % de sa surface totale, avec de forte disparité. Les forêts domaniales et communales ne représentent que 22 % de la surface boisée. Les chiffres pour le département de l’Allier viennent de l’INF (Inventaire Forestier National) département de l’Allier qui date de 2001. Depuis, quelle évolution, nous n’en savons rien ! Mais, cela n’empêche pas nos politiques de faire des plans sur la comète. Au niveau national, 40 % de la production de bois est fournie par les forêts publiques, ce chiffre nous montre déjà, qu’il y a surexploitation du domaine public, mais cela ne suffit toujours pas. En trente ans, la production a augmenté de 30 %, mais cela ne suffit toujours pas. Le nouveau Contrat d’Objectif et de Performance va encore accélérer les coupes dans les forêts publics, avec son lot de destruction de la biodiversité. Entamant avec lui, la résistance des forêts diversifiées face au changement climatique annoncé. Sachant, depuis les grandes tempêtes de 1999/2000, que seul, une forêt en symbiose avec son milieu et riche en espèces variées et d’âges différents peut résister à se genre d’évènements. Alors, que ce gouvernement s’attaque aux conquis sociaux et emmène une partie toujours plus importante de la population vers une paupérisation, fait que l’intérêt, pour les forêts, n’apparait pas comme une priorité. Mais pourtant, l’atteinte aux forêts publiques participent de la même manière à nous évincer de nos biens communs. Oui, nous nous devons de les défendre au même titre que nos conquis sociaux, par la création de collectif pour s’opposer avec les employés de l’ONF, à la catastrophe annoncée. Des associations et/ou des collectifs existent, tels SOS-FORËT. Reprenons la main sur l’aménagement de nos territoires, en opposition avec ces politiques du tout commercial et des profits privés. Reprenons comme devise, "Concilier les besoins de tous avec les droits de chacun".
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