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Une réflexion qui reste encore d’actualité et qui le restera tant que nous ne prendrons pas conscience de ce que nous pouvons et voulons. "Si les élections pouvaient changer quelques choses, elles auraient été interdites"

RÉFLEXIONS SUR LES ÉLECTIONS ENFIN !

extrait du travailleur rural n°19 de septembre 1910

vendredi 5 novembre 2021

Enfin ! la foire électorale est terminée ; tous les monteurs de baraques politiques : conservateurs, libéraux, radicaux, radicaux-socialistes, socialistes indépendants, socialistes « urnifiés » ont plié bagage et sont allés s’installer au Palais-Bourbon où ils vont toucher religieusement les quinze mille balles que le peuple devra suer sous forme d’impôts.

En ont-ils dit, des paroles, nos candidats Quinz’ Mil’ ! En ont-ils étalé de l’hypocrisie, des mensonges et des calomnies de toutes sortes ! Et des promesses, en ont-ils fait !

S’ils font autant de besogne dans les quatre ans qui vont suivre qu’ils en ont fait pendant la dernière législature, il n’y aura pas à se plaindre. Pensez donc : ils ont voté plus de 800 lois ou modifications de lois. Mais celles qui doivent attirer le plus l’attention des campagnards sont, surtout le vole des 15.000 francs, l’augmentation des procès de lanterne et les fameuses retraites ouvrières et paysannes que la Chambre a mis si longtemps à estropier. Car, contrairement à ce qu’on attendait, c’est encore l’cuvrier qui devra payer

Oui ! c’est comme ça qu’on y arrange au Parlement ; l’ouvrier des villes et le paysan qui s’usent le corps à enrichir la bourgeoisie, devront encore verser tous les ans pour s’assurer une retraite quand ils seront morts ; car combien y en a-t-il parmi nous qui n’atteindront point l’âge de la retraite ? Et puis, atteindraient-ils les 65 ans, qu’ils ne sont pas assurés de la toucher. Il s’est bien trouvé des gros rats comme Duez et ses confrères pour manger le milliard des Chartreux avec lequel milliard on devait assurer les fameuses retraites ; il s’en trouvera bien encore pour manger les millions que verseront les malheureux travailleurs.!

Et quand les quelques survivants de la misère viendront réclamer ce qu’on leur avait promis on pourrait bien leur répondre : « Vous vous êtes serré le ventre pendant 30 ou 40 ans pour verser à la Caisse, c’est vrai ; mais, que voulez-vous, la France a fait construire des vaisseaux de guerre, fondre des canons, des fusils, des baïonnettes ; elle a fait construire des chemins de fer en Ethiopie ; il a fallu aller tuer les Marocains pour leur apprendre à vivre ; alors, que voulez-vous, il n’y a pas encore les capitaux nécessaires pour vous donner ce qu’on vous avait promis. Dites à vos fils qu’ils continuent de verser régulièrement comme vous avez fait et contentez-vous de 8 ou 10 francs par mois que nous allons vous servir jusqu’à la fin de vos jours.

Voilà comment on s’y prend pour exploiter le « Peuple souverain »

Tous les quatre ans on l’appelle, ce peuple, pour lui faire exprimer sa souveraineté. Les candidats roublards s’abritent sous la couleur qui pourra boucher les yeux au plus grand nombre de votards. Et, pour montrer qu’il s’y connaît, le travailleur prend ses plus beaux habits, cache dans la petite poche du dessous le carré de papier mystérieux et part pour l’urne en ayant bien soin d’emporter la somme nécessaire, à l’achat d’une « cuite », car, bien entendu, si le candidat qu’on a choisi a la majorité dans la commune, on s’arrange pour rentrer à la maison bien « saoul »

Et, le lendemain, rien de changé ; le misérable doit remettre sa conscience dans sa poche et continuer de subir les mêmes injustices.

Il me revient à l’idée cette réflexion émise dans une feuille qui ne flatte point nos honorables : « En matière politique, l’on mise où l’on veut et l’on est tout de même volé. » Et cette autre : « L’électeur ressemble à un paysan faisant la courte-échelle à un maraudeur pour permettre à celui-ci de manger les fruits de son poirier. »

Non, je l’ai dit et puis le redire sans crainte d’être démenti par les faits : Nous n’avons rien à attendre des pouvoirs publics, même avec une majorité socialiste. Les lois dites de protection ouvrière n’ont été votées et appliquées, lorsqu’elles l’ont été, que grâce à l’organisation ouvrière là où elle existait. Les travailleurs finiront-ils par comprendre qu’il faut qu’ils s’organisent et qu’ils deviennent assez grands garçons pour faire leurs affaires eux-mêmes ?

Louis CHAMBON

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